ET LEURS MAISONS LES TULOUS
LE BUT DU VOYAGE EN CHINE : LES TULOUS
L’APPROCHE
Je vous avais parlé des tulous dans un précédent article. Cette fois-ci, j’y suis et vais échanger mes impressions personnelles et ressenties plutôt que de faire une leçon d’histoire pour laquelle je n’ai ni le recul, ni les connaissances nécessaires.
Première surprise, la visite se fait en partant de Xiamen par une autoroute avec des ponts et des tunnels en tout point comparable aux nôtres. Pas de chemins sinueux à dos d’ânes en mangeant des racines pour survivre.
La visite n’est en aucun point « contemporaine » des bâtiments. C’est comparable à une visite du château de Chillon, en car Pullman, accroché à votre portable, en jeans et baskets. Vous visitez un décor de théâtre sans pouvoir comprendre ni l’objet ni la vie qui s’y passait. Si ça ne paraît pas évident à Chillon, ça m’a paru très clair dans les tulous.
C’est important, car dans la réalité, sans vie sociale, le bâtiment perd sa réalité, quoi qu’il devienne et quoi qu’on en fasse. J’en avais touché deux mots ici.
QUELLE EST LA PART DE LA RÉALITÉ QUI PERSISTE ?
LES TULOUS
Que faut-il en retenir ? D’abord, ce sont des bâtiments spéciaux, adaptés à une réalité sociale et climatique spécifique. Ils ont été faits pour se protéger physiquement des agressions en se tournant vers l’intérieur. Ils sont bâtis et occupés par des gens d’une – ou deux – même famille. C’est intéressant, car ces communautés étaient très soudées et cela se sent encore aujourd’hui. Notre guide d’un jour a eu de très bons contacts avec les habitants encore en place, parce que sa famille a un nom en rapport avec celui écrit sur le fronton d’un tulou.
Je doute qu’on trouve aujourd’hui cet aspect communautaire dans nos HLM – sauf peut-être pour les habitants immigrés de première ou seconde génération – mais c’est ce qui donnait le sens aux tulous.
Il y a les photos que tout le monde prend.
LA PART DE LA RÉALITÉ QUI PERSISTE EST CERTAINEMENT ENJOLIVÉE
UN PEU PLUS LOIN – EN RETRAIT
Il y a l’histoire au présent, avec l’état actuel. Certaines familles n’occupent plus leurs tulous, car les jeunes sont partis à la ville. Quelques ancêtres habitent encore sur place où l’occupent pour leurs activités, leur stockage. Certains tulous tombent en ruines faute d’occupants, d’autres sont partiellement entretenus avec des solutions constructives actuelles.
Une fois les résidents partis, ces bâtiments prestigieux résistent mal au temps. Ils ne peuvent pas se réinventer ou s’adapter à la vie moderne. Ils partagent cet aspect avec le château de Chillon.
LE DÉPART DES RÉSIDENTS SIGNE LA FIN DES TULOUS.
DEUX ASPECTS POSITIFS À CONSERVER EN MÉMOIRE
On peut trouver dans un coin, un tulou, d’une autre forme, d’une autre fonction, ayant encore une âme à défaut d’une vie. La forme est moins conventionnelle et moins liée à une fonction rigide peut-être.
Les résidents étaient-ils moins nombreux, différents ? Ont-ils vécu sous une forme associative moins ou plus stricte ? Peu importe. Le bâtiment pourrait revivre.
LA MAJORITÉ DES TULOUS NE SONT PLUS HABITÉS.
À MÉDITER
Encore aujourd’hui, nous construisons pour l’éphémère, malgré les contraintes très sévères de nos autorités. Nos bâtiments sont inadaptables. Nous ne sommes pas sur la bonne route. Nous n’avons rien appris des châteaux (qui se vendent pour une bouchée de pain en France) ou des locaux commerciaux qui ont perdu en quelques mois une énorme partie de leur valeur et dont seuls 3 % peuvent être éventuellement transformés en appartements.
Nous devons trouver un autre méthodologie, une manière différente de faire.
Les tulous, habités par les Hakkas, ont admirablement rempli ce rôle tant que leur société était soudée et évoluait de façon maîtrisée. Les tulous n’ont été « vaincus » que par la « défection » des habitants et la « non-réhabilitation » des espaces.
LA VIE SOCIALE SEULE DONNE DE LA VALEUR AUX BÂTIMENTS.
Je vous propose d’envisager différemment votre prochain habitat, totalement différemment. Car c’est vous qui donnez de la valeur au bâtiment. Sans vous, le bâtiment n’est qu’une ruine.
J E S S E L – HUMAN FIRST