Un autre de mes « bureaux » de nomade plus au centre du Laos.
COMMENT IMAGINE-T-ON LE TRAVAIL DU FUTUR EN 2014 ?
RARES SONT LES PRÉVISIONS AUSSI JUSTES ET PERTINENTES
On imagine tout et rien. On développe plus de fantasmes et /ou de peurs que de points créatifs et constructifs.
Une exception notable (dont on ne peut retrouver le texte sur internet, hélas). L’auteur, un certain William propose en 2014 sa vision du travail en 2024. Je trouve pertinent ce qu’il voit, car il ne s’arrête pas aux poncifs habituels. Je me permets de le citer très largement, ne pouvant renvoyer vers le texte original :
Il décrit le 19 décembre 2014 les principales mutations à venir dans nos façons de travailler :
« Nos modes de travail sont à l’aube d’une révolution radicale. Une révolution susceptible de modifier en profondeur l’organisation de nos sociétés et la conception même du travail. On aspire à travailler différemment, on ressent le besoin de s’organiser autrement et partout dans le monde, des initiatives émergent et proposent des alternatives viables.«
(…) le temps n’est pas loin où le nombre de travailleurs indépendants aura dépassé le nombre de salariés
(…) la facilité et la nécessité croissante d’externaliser pour les entreprises, les possibilités techniques d’entreprendre sans un capital initial important et la triste mine du marché du travail poussent chaque année de plus en plus de salariés et d’étudiants à se tourner
vers l’indépendance«
Il parle « d’intraprenariat » qui selon la définition de Wikipédia serait « un ensemble de méthodes et de processus par lesquels une personne vient à entreprendre au sein même de son entreprise. Comme son nom l’indique, il s’agit donc d’entrepreneuriat en interne.
L’intraprenariat permet aux salariés de l’entreprise de développer des projets entrepreneuriaux au sein même de leur lieu de travail. Il permet de lutter contre le départ des cadres vers l’entrepreneuriat, ainsi que de développer chez ses salariés de remarquables qualités d’autonomie et de prise d’initiatives.
Il ajoute :
(…) Le travail ne sera plus un lieu, mais ce que l’on fait.
(…) Dans le nouveau monde du travail qui émerge, les outils de productions s’allègent et de plus en plus de tâches peuvent être menées à distance avec un ordinateur et un téléphone portable. Le bureau n’est plus l’unique lieu productif et peut être en concurrence avec le domicile, le café du coin ou la ferme des grands-parents.
(…) il est très possible que les zones rurales deviennent les nouveaux espaces de travail de ces travailleurs mobiles. Depuis une quinzaine d’années en France, comme dans la plupart des pays industrialisés, on assiste à un repeuplement des zones rurales par rapport aux zones urbaines, une première depuis 200 ans ! Les campagnes redeviennent attractives, car s’il est possible de travailler à distance, pourquoi ne pas le faire depuis des endroits où la qualité de vie est meilleure (…)
(…) À leur compte et nomades, les travailleurs de 2024 ne seront pas pour autant isolés
(…) l’espace de travail reste un lieu de sociabilité, d’apprentissage et d’efficacité qui demeure crucial
(…) quand on travaille en indépendant (…) n’ayant pas accès aux ressources d’une grosse structure, on a d’autant plus intérêt à partager les moyens, les compétences et les réseaux avec ses pairs
(…) Les frontières entre la vie professionnelle et la vie personnelle auront volé en éclat et l’emploi aura largement perdu sa dimension constitutive de l’identité sociale.
(…) Plus indépendants, plus mobiles, dans un environnement technologique et économique mouvementé, les travailleurs de 2024 devront être plus que jamais polyvalents et débrouillards
(…) en équipe, on insiste de plus en plus sur l’autonomie, l’esprit d’initiative, l’adaptabilité de chacun.
(…) se former, rester à l’affût des évolutions de son secteur sera un facteur clé de succès
(…) Les MOOC’s les formations de pairs à pairs seront indispensables
(…) En plus de son travail principal, avoir d’autres activités rémunératrices sera très courant. Location de son domicile sur AirBnB, ou de sa voiture sur des plateformes d’autopartage et l’essor plus général de l’économie collaborative permettront de générer des activités courantes et des sources de revenus complémentaires pour beaucoup de gens. Ces nouvelles formes de travail, qui s’inscrivent mal dans le cadre juridique actuel, vont modifier en profondeur notre conception du travail.
Travailler en 2024 ne sera pas un long fleuve tranquille. L’avènement d’une société d’entrepreneurs modifie profondément le niveau de risque personnel et financier (…)
(…) la création de valeur, et la rémunération est de moins en moins corrélée à la quantité de travail
(…) L’échec sera plus fréquent, les succès plus rares, mais leurs retombées bien plus importantes. En conséquence, les revenus seront moins linéaires et plus incertains.
(…) Cela aura des répercussions potentiellement déstabilisatrices sur notre système social et fiscal. Il faudra repenser notre système de répartition de la valeur de manière à compenser au mieux cette instabilité.
Larges extraits tirés d’un texte de William du 19 décembre 2014
Nous sommes en février 2023 et j’ai rarement vu une analyse prédictive si près de la réalité, dans un domaine éminemment dominé par des forces politiques et économiques conservatrices de privilèges.
Nos Autorités ne peuvent pas prétendre qu’il leur était impossible de prévoir. Ni que la fatalité et les – lourdes – charges pesant sur leurs épaules n’ont pas permis de faire une transition mesurée du travail tel que nous le trouvons début 2023.
Au contraire, nos Autorités vont se tirer une balle dans le pied.